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Découvrez nos articles sur le recyclage et la gestion des déchets numériques.

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Fabrication et impact écologique du numérique

La fabrication des équipements informatiques compte parmi les principales sources d’impacts environnementaux (29% de la consommation énergétique, 54% des émissions de gaz à effet de serre, 61% de l’utilisation en eau et 97% de l’épuisement des ressources). L’environnement de travail des utilisateurs (ordinateurs, écrans, périphériques externes) et le service informatique (locaux, moyens de transports et équipements des personnes en charge du fonctionnement du système d’information) totalisent quant à eux de 44% à 66% des impacts selon les entreprises. Et contrairement aux idées reçues, la consommation énergétique des centres informatiques n’est pas la principale source d’impacts.

Enfin, il est important de noter que globalement en France, environ 80% de l’impact du numérique provient de la phase de fabrication, 19% lors de l’usage et seulement 1% pour la fin de vie (réemploi, recyclage, tri…). Des smartphone pas si “smart”

L’empreinte environnementale des smartphones est principalement due à l’extraction des minerais que l’on retrouve sous la forme de métaux dans les téléphones. L’exploitation des mines conduit notamment à la destruction d’écosystèmes et à de multiples pollutions de l’eau, de l’air et des sols. Les activités métallurgiques et électroniques sont aussi très impactantes et énergivores. La fabrication des smartphones pose également problème d’un point de vue social et éthique. Les conditions de travail sont bien souvent déplorables et violent les droits humains fondamentaux. L’extraction des « minerais de sang » (étain, tantale, tungstène et or) conduit à alimenter des conflits armés aux dépens des populations locales.

70 matériaux pour fabriquer un smartphone


Les technologies de fabrication ont beaucoup évolué ces dernières années. On sait fabriquer des téléphones extra plats et très sophistiqués, avec de plus en plus de fonctionnalités. Aujourd’hui, on trouve plus de 70 matériaux différents dans un smartphone. Ces matériaux sont présents en petite quantité et leur alliage parfois complexe rend nombre d’entre eux difficiles à recycler. Une cinquantaine de métaux sont nécessaires pour fabriquer un smartphone, soit deux fois plus que pour un téléphone portable ancienne génération. Or, ces métaux deviennent de plus en plus complexes à exploiter dans le monde.


On fait quoi ?


En moyenne, un français change son smartphone tous les deux ans. Afin de s’inscrire dans une démarche durable et réduire l’impact écologique des produits numériques en général, il devient crucial de changer notre mode de consommation. Garder ses appareils plus longtemps, en prendre soin, résister à l’effet de mode, acheter des produits conçus pour durer sont autant de petits gestes qui peuvent avoir un grand impact.

SOURCES :
https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/etude-wegreenit-quel-impact-environnemental-du-numerique-dans-les-entreprises?reserved_code_origine=24CFA-ADSGADSWEB&utm_source=google&utm_medium=cpc&utm_campaign=24CFA-ADSGADSWEB&gad_source=1&gad_campaignid=20623472327&gbraid=0AAAAAD8WFYu785XA-oQjj4PHW26gXBsP7&gclid=CjwKCAiA55rJBhByEiwAFkY1QC7tw46MHFk_7M14W0r6-lQdi-0esMCz03swKdWL8JqDIum18f1BkxoC2YsQAvD_BwE
https://fne.asso.fr/system/files/2024-11/2019_Livret%20Smartphone%20Ademe%20FNE.pdf

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Les déchets numériques

Smartphones, tablettes, ordinateurs, écrans plats, batteries de vélo électriques, panneaux photovoltaïques… La numérisation et l’électrification de nos modes de vie s’accompagnent d’une explosion des déchets électroniques. Entre 2010 et 2022, ils ont bondi de 82% pour atteindre le volume record de 62millions de tonnes, à l’échelle de la planète, alerte l’Organisation des Nations unies (ONU).

Pour donner la mesure du péril, voici une comparaison: il faudrait plus d’un million et demi de poids lourds de 40tonnes chacunpour transporter cette montagne d’«e-déchets». Et, selon les projections de l’ONU, elle va continuer à grossir de 32% pour approcher 82millions de tonnes, en2030. Pire, entre 2022 et 2030, le taux de collecte et de recyclage devrait décliner de 22,3% à 20%. Si bien que les déchets électroniques croissent cinq fois plus vite que la quantité recyclée.

C’est quoi les DEEE ?


Les déchets d’équipements électriques et électroniques, dits DEEE, sont des déchets en très forte croissance qui étaient auparavant traités de manière inappropriée. Ces dernières années, l’économie industrielle et un style de vie orienté vers l’utilisation de la technologie ont conduit à une forte accumulation de ce type de déchets et au besoin d’un traitement spécifique en vues de la récupération des matériaux précieux présents dans les composants électroniques et micro-électroniques. Selon le type de DEEE – qui sont principalement divisibles en domestiques, commerciaux ou technologiques -, différents cycles de traitement sont prévus, allant de la récupération des moteurs électriques et des composants ferreux jusqu’à la valorisation des métaux communément appelés les « terres rares ». Les différentes installations de recyclage interviennent dans les traitements destinés à larécupération de l’acier, du laiton, du fer, de l’aluminium, du plastique et du cuivre. Ces métaux se trouvent dans les alimentateurs, les câbles électriques et divers types de composants et impliquent un tri mécanique préliminaire, puis un broyage et une sélection de qualité.

Quand le recyclage peine à suivre


Seuls 22% de la masse des DEEE ont été correctement collectés et recyclés en 2022. Les taux de recyclage varient grandement dans le monde. Ils atteignent 52% en Amérique du Nord, 40% en Europe, 12% en Asie et moins d’1% en Afrique.

Le reste des «e-déchets» a soit été brûlé, jeté dans des déchetteries ou abandonné dans la nature, ce qui peut poser des problèmes sanitaires et environnementaux conséquents. Ces objets peuvent notamment contenir des additifs toxiques ou des substances dangereuses comme le mercure, qui peuvent endommager le cerveau humain, signale le rapport de l’ONU.

Pourquoi est-il important de recycler nos appareils électriques et numériques usagers ?


En France, la production de déchets était de 343 millions de tonnes en 2018. Parmi eux, environ 66% du total ont été recyclés, 28% étaient éliminés et 6% étaient valorisés énergétiquement. Les DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) représentent approximativement 850 000 tonnes collectées par an en France (90% de DEEE ménagers et 10% provenant des professionnels). Ce chiffre représente environ 50% du poids moyen des équipements mis sur le marché durant les 3 années précédentes, un chiffre à améliorer pour rattraper l’objectif national de 65% de collecte visé. Toujours en France, le taux de recyclage des déchets électroniques atteint 77% tandis que le taux de valorisation atteint lui 87%. (Rapport Ademe – Équipements électriques & électroniques 2020).

À l’échelle mondiale, le bilan est beaucoup moins positif. En effet, sur 54 millions de tonnes de DEEE collectés chaque année, seules 17% sont recyclées ou réutilisées. (ONU) Au vu de ces données, nous commençons à entrevoir pourquoi le recyclage des appareils électriques et numériques est si important.

Premièrement, le recyclage de nos appareils électriques et numériques réduit la pression sur les ressources naturelles, condition essentielle afin de préserver l’environnement.

Deuxièmement, le recyclage des appareils électriques et numériques limite les émissions de gaz à effet de serre générées par la production de nouveaux appareils.

Troisièmement, il contribue à éviter la pollution de l’air, de l’eau et des sols liés aux substances toxiques présentes dans ces déchets, de l’extraction des matériaux, en passant par la fabrication, mais aussi tout au long de leur cycle de vie.

Enfin, le recyclage des appareils électriques et numériques crée de nombreux emplois et favorise une économie circulaire en réutilisant les matériaux, encourageant ainsi la durabilité et la conservation des écosystèmes pour les générations futures.

En conclusion


Le recyclage des appareils électriques et numériques est au cœur du défi environnemental du XXIᵉ siècle.

Le recyclage des appareils électriques et numériques concerne tous les acteurs de la société, particuliers et professionnels.

Il permet d’une part l’économie des ressources naturelles nécessaires à leur extraction et leur fabrication, la réduction de la pollution de l’air, des eaux et des sols, mais aussi des économies d’énergie, la lutte contre le gaspillage et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.



Nos sources :

https://www.notre-environnement.gouv.fr/actualites/breves/article/quand-les-dechets-electroniques-atteignent-des-records
https://www.panizzolo.com/fr/materiaux/deee/
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/12/25/que-faire-de-nos-vieux-appareils-electroniques-inutilises_6155661_4408996.html
https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/20/l-explosion-des-dechets-electroniques-menace-l-environnement-et-la-sante-alerte-l-onu_6223080_3244.html
https://idverde.fr/actualites/recyclage-que-deviennent-nos-appareils-electriques-et-numeriques-usagers
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Comment les lois en Europe encadrent les déchets numériques ?

En 2003, la directive européenne DEEE (2002/96/CE) a pour objectif prioritaire la prévention en ce qui concerne les Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE) et, en outre, leur collecte sélective, leur réutilisation, leur recyclage et les autres formes de valorisation de ces déchets. L’objectif est de réduire la quantité de déchets à éliminer.

D’une manière générale, dans la mesure où la production de déchets ne peut être évitée, il y a lieu de réutiliser ceux-ci et de recycler les matières ou les valoriser au travers de leur potentiel énergétique (incinération).

Un manque de d'efforts collectifs


Cependant, les pays ne respectent par forcément ces lois. Lors de l'étude "Holes in the Circular Economy: WEEE Leakage from Europe" visant à savoir quels pays d'Europe exportent le plus de déchets illégalement. 19 équipements sur 314 (6 %) sont sortis illégalement du pays où ils auraient du être retraités. Illégalement au regard du droit européen. 11 déchets exportés illégalement sur 19, soit 64 %, ont fini dans un pays en voie de développement. Avec l’Afrique comme destination de choix. Les exutoires sont le Nigeria (5 équipements), le Ghana (1), la Tanzanie (1), mais aussi l’Ukraine, le Pakistan, la Thaïlande et Hong Kong. Chaque déchet a parcouru en moyenne 4 127 kilomètres pour un total de 78,408 kilomètres, soit presque 2 tours du monde.

Pour finir par une mise en perspective, rappelons que s’il reste du travail en Europe, le taux d’exportation de déchets électroniques dans des pays tels que les Etats-Unis qui n’ont pas interdit leur exportation est beaucoup plus élevé, de l’ordre de 40 %.


Et la France dans tout ça ?


Au niveau national, ces enjeux ont justifié la mise en place d’une filière de gestion spécifique de ces déchets, fondée sur le principe de responsabilité élargie des producteurs de ces équipements. La filière de collecte et de recyclage des DEEE est opérationnelle en France depuis le 22 juillet 2005 pour les DEEE professionnels et depuis le 15 novembre 2006 pour les DEEE ménagers.

Dernièrement, le remplacement des équipements électriques et électroniques (EEE) s’est accéléré et les EEE sont devenus une source de déchets de plus en plus importante. Forte de ce constat, la Commission européenne a révisé ses directives avec la directive 2011/65/UE du 8 juin 2011 (dite directive RoHS II) et la directive 2012/19/UE du 4 juillet 2012 (dite directive DEEE II).

Les DEEE collectés par la filière agréée sont traités en France et en Europe avec un haut niveau de protection de l’environnement. La filière française de collecte et de traitement des DEEE permet de gérer efficacement plus de 600 000 tonnes par an de DEEE et a permis de créer plus de 3 000 emplois depuis 2006 (logistique, réparation, recyclage et dépollution). L’activité de préparation au réemploi est par ailleurs bien développée en France, en particulier sur les gros appareils ménagers blancs (gazinières, lave-linges, etc.) avec des réseaux tels que Envie ou Emmaus.

À ce jour, un système individuel a été agréé, il s'agit de la société ABBOTT pour la gestion des capteurs électroniques associés aux dispositifs médicaux qu'elle met sur le marché (arrêté du 21 décembre 2023 portant agrément d'un système individuel de la filière des déchets d'équipements électriques et électroniques ménagers).

Différents éco-organismes sont par ailleurs agréés pour la période 2022 - 2027 conformément à la procédure d'agrément des éco-organismes prévue aux articles R.541-86 à R.541-89 du Code de l’environnement et à l'annexe I de l’arrêté du 27 octobre 2021 portant cahier des charges des éco-organismes de la filière des DEEE.

Il s'agit des éco-organismes suivants :

Ecologic (pour les catégories 1, 2, 4, 5, 6 et 8 d'équipements électriques et électroniques ménagers)
Ecosystem (les producteurs des catégories 1, 2, 4, 5, 6 et 8 d'équipements électriques et électroniques ménagers)
Soren (pour la catégorie 7 spécifique aux panneaux photovoltaïques)

Nos sources :

https://www.e-dechet.com/deee/directive-loi-decret-deee-europe-france
https://www.greenit.fr/2019/03/05/dechets-electroniques-leurope-est-elle-une-passoire
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/equipements-electriques-electroniques-deee

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Quelles solutions ?

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Le recyclage


Le recyclage DEEE professionnels permet de (re)valoriser les matières qui composent nos appareils tout en respectant les réglementations en vigueur. Zoom sur le tri et le recyclage du matériel informatique et électronique ainsi que sur sa traçabilité.


Changer notre mode de consommation


En tant que consommateurs, nous avons aussi un rôle à jouer. Cela implique d'essayer de conserver nos appareils plus longtemps (moyenne de 2 ans en France), de leur donner une seconde vie en les revendant ou les donnant mais aussi acheter des appareils d'occasions si possible afin de limiter la fabrication de nouveaux appareils.


Pistes d'actions pour les pouvoirs publics


Faire de la France et de ses territoires les champions de la réparation et du réemploi des équipements numériques, en améliorant le financement des acteurs du secteur : application d’un taux de TVA réduit sur leurs activités, augmentation de l’éco-contribution des producteurs, modulation de cette contribution selon le niveau d’éco-conception des produits, etc.

Allonger à cinq ans la durée de garantie des équipements numériques, généraliser l’affichage « durabilité » de ces produits (empreinte environnementale, durée de vie, réparabilité, disponibilité de pièces détachées) et l’élargir aux services numériques.